Naïfs, et vivants sur une autre planète ? Des aveugles, des sourds...

Publié le par nivelles

Prédication du Pasteur L.Flémal –

EPUB Nivelles,  le 2 décembre 2012 

1er dimanche de l’Avent.  

Thème : La bénédiction à venir.  

Textes bibliques : Esaie 35. « Ils connaîtront la gaieté et la joie, la douleur et les gémissements s’enfuiront. »

Ne sont-ils pas des naïfs ceux qui croient encore à ce genre de promesses ? A moins qu’ils ne soient comme des étrangers vivants sur une autre planète, ignorant la réalité misérable et douloureuse de leurs contemporains. N’est-ce pas indécent de parler de jubilation et de la fin des gémissements quand tout semble aller vers toujours plus de souffrances ?

Comment peut-on encore annoncer que les yeux des aveugles seront ouverts et les oreilles des sourds seront débouchées, que la bouche des muets chantera joyeusement, que les boiteux sauteront comme des cerfs et qu’on verra la gloire de l’Eternel… alors que depuis cette promesse, il y a sans doute encore plus d’aveugles qui ne voient pas, de sourds qui n’entendent pas, de muets qui ne parlent pas et de boiteux qui restent handicapés ?

De même, les zones désertiques ont plutôt tendance à s’étendre qu’à refleurir, les périodes de sécheresse à se multiplier et les réserves d’eau à se raréfier avec en conséquences des famines en augmentation. Rien n’a vraiment changé si ce n’est en pire et on ne voit pas plus clairement aujourd’hui la gloire de l’Eternel se manifester de manière convaincante.

Comment parler d’espérance alors que l’humanité semble se consumer dans la violence et la haine, alors qu’elle crie la souffrance des enfants malades, abandonnés, mourant de faim dans les bras de leur mère impuissante à les nourrir, alors qu’elle subit guerres et catastrophes faisant des millions de morts innocents, alors qu’elle compte de plus en plus de pauvres même dans les pays les plus riches ?

Comment se réjouir d’une telle annonce alors qu’à nos côtés vivent et meurent tant de personnes sans espérance, alors qu’autour de nous beaucoup pleurent sans être consolés, que beaucoup vieillissent dans la solitude, que tant de gens n’ont jamais rien pu espérer de bon dans leur existence ? Dans ce monde-là puis-je me réjouir et être rempli d’espérance pour son avenir ?

Comment entendre cette promesse aujourd’hui ? Quand elle a été faite par le prophète Esaïe, le peuple vivait dans l’incertitude, le désespoir et le malheur. Dans ces conditions, il ne pouvait que s’attendre au pire, mais la promesse de l’Eternel, par la bouche d’Esaïe, annonçait que, ce à quoi le peuple pouvait s’attendre dans sa détresse, ne viendra pas… au contraire !

La malédiction qui aurait pu se faire plus pénible de toute évidence par rapport à la situation présente, sera changée en bénédiction, ce qui était devenu sec et aride deviendra source et fertilité, ce qui était emprisonnement comme la surdité, la cécité et le mutisme, ne sera plus handicap et enfermement, au lieu de la mort, la vie en abondance est promise, la tristesse et le désespoir seront remplacés par la joie et la gaieté, la douleur et les gémissements n’augmenteront pas mais disparaîtront.

Une promesse de salut au moment où le peuple craignait le pire et pensait que Dieu l’avait peut-être oublié en le livrant à des ennemis. Ce que nous pouvons peut-être aussi craindre en voyant le monde envahi  par tant de violences, soumis au dictat de l’argent, bon serviteur mais  mauvais maître, divisé par les égoïsmes, maltraité par des pouvoirs ennemis, rongé par tous les malheurs pensables et impensables, supportables et insupportables, commis et subis, menacé d’autodestructions, abîmé par le péché de l’homme, incapable de reconnaitre sa culpabilité…

De quoi devenir pessimiste, découragé  et désespéré ! Comment changer les choses et sauver le monde en perdition ? La tâche est écrasante et nous dépasse largement au point que beaucoup se renferment sur eux-mêmes, se réfugient dans leur communauté et baissent les bras laissant aller le monde à sa perte, se désolidarisant de lui. Leur espérance fait alors place à la résignation car l'avenir leur semble sans avenir !

Or l’espérance est faite d’attente contre toute espérance… et la période de l’Avent qui commence aujourd’hui le rappelle. Ce qui est espéré est à venir malgré les échecs, les souffrances, les désespoirs ou les désespérances. Si bien des espérances suscitées par des hommes sont des promesses en l’air ou des utopies, l’espérance chrétienne n’est pas une illusion ou une tromperie ou une rêverie pour naïfs ou encore une fuite en avant pour ne plus l subir le présent.

L’espérance du chrétien a un préalable historique qui est la venue de Jésus, Dieu incarné dans un homme, l’Emmanuel, Dieu avec nous pour partager notre humanité, pour lutter avec et pour les humains contre toutes les formes du mal, de l'injustice, de la haine, de la souffrance et de l'échec. Il n'est pas venu, comme certains l'espéraient, dominer et orchestrer le monde, il est venu semer l'espérance, la paix, la joie et l'amour au milieu de l’humanité, pour restaurer ce que le péché a détruit, pour sauver ce qui était perdu.

Ce qui n’a jamais été évident à reconnaître par les hommes et les femmes de tout temps. Même quelqu’un comme Jean-Baptiste qui pourtant annonçait la venue du Messie en Jésus, a connu le doute : Etait-il bien celui qui devait venir ou fallait-il en attendre un autre ? Question qui peut encore se poser aujourd’hui face aux promesses que le Christ est sensé accomplir comme Rédempteur du monde.

Après tout, ne s’est-on pas trompé sur sa personne ? Est-il vraiment le Sauveur de l’humanité ou faut-il attendre un autre sauveur ou un autre type de salut ? N’y-a-t-il pas eu une certaine incapacité de son œuvre salutaire au regard des malheurs qui continuent d’anéantir l’humanité ? Que répondre à ce genre de questions, de suspicions, de mises en doute, de déceptions ?

Jésus a répondu à Jean-Baptiste par l’intermédiaire de témoins de son œuvre : allez lui dire que les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Mt 11 :4. Certes tous ceux qui souffraient de ce genre d’handicap au temps de Jésus n’en ont pas été délivrés mais la promesse d’autrefois prenait réalité dans l’œuvre que Jésus de Nazareth réalisait.

Il était bien celui qui était attendu pour établir le règne de Dieu malgré les apparences encore trompeuses. A ce propos, le commentaire que Jésus a ajouté à sa réponse donnée à Jean-Baptiste est à prendre en considération : Heureux celui pour qui je ne représenterai pas un obstacle ! Ce que je comprends ainsi : Heureux celui pour qui Jésus ne sera pas un obstacle à sa foi, celui à cause de qui il ne doutera pas de l’accomplissement des promesses divines ! Heureux celui qui verra en Jésus le Sauveur promis malgré les nombreuses apparences trompeuses !

Croire aux promesses de la bible est plus une question de foi que d’accomplissement. De même que reconnaitre en Jésus le seul Sauveur d’une humanité soumise au pouvoir du mal qui aspire à la délivrance. Malgré les apparences, les échecs d’une humanité qui s’est éloignée de son Créateur, une rédemption est promise parce qu’un Sauveur est venu de Dieu.

Quand des aveugles voient, des sourds entendent, des muets chantent, des boiteux marchent ils sont les signes, les preuves de cette rédemption, œuvre de Dieu…que la croix du Christ atteste une fois pour toutes, même si aujourd’hui toute souffrance, tout gémissement, toute calamité, toute misère, toute destruction, tout emprisonnement ne sont pas encore définitivement éloignés, même si la joie et la gaieté n’ont pas encore remplacé toute tristesse et tout désespoir.

Car ous sommes toujours dans l’attente du parfait accomplissement de cette promesse de joie éternelle pour les rachetés de l’Eternel. Nous en avons l’espérance qui ne trompe pas par la venue attestée de Jésus dans le monde. Bien des malheurs nous atteindront encore dans le temps qui vient. Il y aura encore des famines, des cancers, des guerres meurtrières, des handicaps physiques, des malformations génétiques, des victimes d’accidents, des femmes violées, des enfants tués, des hommes orgueilleux…

Mais vient le temps de la délivrance parce qu’en venant dans le monde, Jésus a initié un bouleversement de l’ordre des choses, comme la fatalité du mal, pour inaugurer le règne de Dieu, pour restaurer l’humain anéanti par les forces du mal. Le salut n’est pas promis en conséquence d’une évolution positive de l’humanité ou parce que la médecine éradiquera toutes les maladies et anormalités ou parce que la moralité s’améliorera.

Ce n’est pas ce que la promesse permet d’espérer. Tout ce qui est promis est œuvre de grâce divine : il viendra lui-même pour vous sauver ! Et c’est bien ce qu’il a fait en naissant comme un enfant en qui la foi a vu le Sauveur attendu selon la promesse d’un salut pour le peuple et contrairement à l’apparence d’un nouveau-né encore incapable de sauver qui que ce soit.

La gaieté et la joie sans plus de souffrances, n’est-ce pas ce que toute l’humanité espère contre toute espérance ? C’est ce que Dieu lui promet en Jésus-Christ ! Amen.

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